Les artistes de concert, rencontre avec Bekar
C le Mag avait rencontré Bekar et les imposteurs en mai 2014. Cette année, le groupe sort un nouvel album intitulé « Casse-Tête Yiddish » qui sera présenté au public au Rockstore en novembre prochain et la pochette de l’album est réalisée par le dessinateur de BD Fabcaro. Ces événements valaient bien une nouvelle rencontre !
C le Mag : Bekar, qui sont les imposteurs cette année ?
BEKAR : Nous sommes cinq. Dans le rôle des imposteurs, Santiago Courty à la batterie, Mathis Dervaux au violon, Quentin Treuer au piano et Mathias Caquet à la basse.
C le Mag : D’autres changements ?
BEKAR : Nous avons évolué sur la direction artistique en privilégiant l’augmentation des claviers et des sons électroniques. Nous avons mis l’accent sur une écriture avec des sonorités plus actuelle, plus rythmique. Par exemple, le violoniste fait des petites boucles sur lesquelles il superpose d’autres sons, d’autres lignes mélodiques. Les claviers, également, ne sont pas uniquement du piano, on a ajouté de l’orgue, des clavinets (piano électrique au son proche du clavecin).
C le Mag : Sur l’EP, il apparaît que l’ensemble est très épuré, on distingue nettement chaque instrument et ta voix est parfaitement claire.
BEKAR : C’est lié à la manière d’enregistrer et à la façon d’écrire les morceaux. C’est une véritable intention musicale dédiée à l’album, ce n’est pas la même écriture que pour les concerts.
C le Mag : Pour le prochain concert à Montpellier, au Rockstore en novembre, ce sera donc un peu différent ?
BEKAR : Oui, quand on joue en live, ce n’est pas la même énergie ! Il y a de la mise en scène, un esthétisme particulier et le public voit ce que l’on joue… cela permet un autre type d’écriture. Bon, c’est pas pour ça qu’on va jouer tous les cinq à fond en même temps ! chaque ligne musicale trouve sa place.
C le Mag : On note une influence yiddish encore plus présente pour ce dernier album qui s’intitule, d’ailleurs, Casse-Tête-Yiddish. Une raison à cela ?
BEKAR : C’est un choix délibéré pour cet album d’avoir une meilleure lisibilité. Depuis toujours, nous sommes un groupe de composition française avec cette particularité d’être teinté de codes et de sonorités yiddish. On pouvait déjà reconnaître ces connotations dans nos précédents albums. J’avais envie d’une affirmation plus prononcée, plus évidente. Ceux qui ne connaissent pas le yiddish vont s’en étonner et ceux qui connaissent vont être surpris par notre évolution.
C le Mag : Le pourcentage de chanson yiddish ?
BEKAR : Pas beaucoup, c’est une majorité de compositions françaises mais l’ambiance yiddish ne se retrouve pas uniquement dans le texte des chansons, c’est le spectacle en lui-même qui y fait référence, l’univers qu’il dégage, l’humour, le coté décalé que l’on retrouve également dans la musique klezmer.
C le Mag : Et maintenant, la question « prise de tête » à la manière du Docteur Freud : Après Bekar et les imposteurs, Inconscient et Casse-Tête Yiddish, est-ce que le yiddish est dans ton inconscient un casse-tête ou une vraie imposture ?
BEKAR : La question de l’imposture ou des imposteurs est vraiment liée au spectacle, au concert. Les imposteurs sont les musiciens du groupe face au chanteur Bekar. Quant au yiddish, il est plus que dans mon inconscient puisqu’il apparaît sur la pochette, il est assumé sans être revendiqué, c’est plus une expression. Il s’est justement déplacé de l’inconscient au conscient.
C le Mag : Pas mal ! Freud serait certainement ravi… A l’écoute de cet EP, on sent une grande maturité qui s’est installée. A la fois dans l’écriture et dans ta voix. Pour t’avoir suivi depuis de nombreuses années, il est évident que tu as franchi un cap. Ta voix est posée, sans saturation, on sent ta capacité à pouvoir la moduler sans effort. Qu’en penses-tu ?
BEKAR : C’est vrai que j’ai énormément travaillé ma voix pour cet EP. C’est la première fois, qu’en tant que chanteur, j’ai ressenti un tel plaisir et une telle maîtrise. J’avais du vocabulaire, une plus grande facilité à jouer avec ma voix, en densité, en présence, en retrait.
C le Mag : Sur scène, ça ressort comment ?
BEKAR : C’est différent, on ne chante pas de la même façon, mais j’ai gagné en aisance et en endurance. Ce travail m’a permis de mieux gérer le rythme et l’enchaînement des concerts. Je ne ressens presque plus la fatigue !
C le Mag : Une autre nouveauté pour cet album et pas la moindre, c’est ta rencontre avec Fabcaro, un dessinateur de bande dessinée qu’on adore et qu’on suit depuis de nombreuses années (Cf. C le Mag 84 mai 2011). Il a réalisé la magnifique couverture de Casse-Tête Yiddish. On veut des détails !
BEKAR : Tout d’abord, j’aime le dessin, toutes nos pochettes d’albums sont dessinées. Ensuite, Fabcaro est un auteur qui me fait vraiment mourir de rire, j’aime énormément ses BD depuis le début. Il a une grande sensibilité, un ton très juste dans sa façon de décrire le genre humain avec une simplicité dans laquelle je me retrouve très souvent. Avec Fabcaro, on côtoie le comique et le drame en permanence, on flirte aussi avec l’absurde lorsqu’il dépeint notre société avec humour et cynisme. Bref, iI me touche beaucoup.
Un jour, j’ai donc pris mon courage à deux mains et je l’ai contacté en lui demandant s’il accepterait de venir prêter quelques traits à notre projet.
C le Mag : Visiblement, il a accepté !
BEKAR: Eh oui ! c’était une sacrée surprise pour nous ! Je lui ai donné les pistes que nous avions autour de ce casse-tête yiddish teinté d’humour et de tragédie. Un genre que connaît et maîtrise parfaitement Fabcaro ! Il a fait plusieurs essais et je les ai tous aimés ! Le choix fut donc difficile… mais nous y sommes arrivés !
C le Mag : C’était une première pour Fabcaro cette pochette d’album ?
BEKAR : Oui, d’ailleurs il a été très humble, très modeste, car c’était une épreuve pour lui aussi, il espérait être à la hauteur. Je peux vous dire qu’il était très largement à la hauteur !!
C le Mag : D’autres projets avec lui dans le futur ?
BEKAR : Nous n’en avons pas parlé. Pour l’instant nous sommes concentrés sur la sortie de l’album. Mais, bien évidemment, j’aurais grand plaisir à retravailler avec lui.
C le Mag : Pour en revenir à votre prochain concert à Montpellier au Rockstore (le samedi 7 novembre à partir de 19h), c’est un tournant ? une consécration ?
BEKAR : Oui, c’est une date importante, c’est la première fois que le Rockstore ouvre ses portes uniquement pour Bekar et les imposteurs. C’est une soirée entièrement dédiée au groupe. Nous l’organisons et choisissons les invités qui interviendront sur scène etc. A ce propos, nous vous promettons de nombreuses surprises avec, entre autres, des choristes, une clarinettiste, un accordéoniste, un saxophoniste, un danseur et un joueur de ukulélé, … et en première partie, nous aurons le plaisir d’accueillir un jeune groupe de Bédarieux « Bande à Part ».
C le Mag : Un joli moment en perspective ! C’est une belle façon d’annoncer au public votre dernier album…
BEKAR : Oui, pour ceux qui nous connaissent déjà et qui connaissent nos morceaux par cœur, on a voulu leur offrir quelque chose de nouveau et de festif et pour ceux qui vont nous découvrir, de partager avec nous une grande fête musicale !
C le Mag : Des concerts de prévus après le Rockstore ?
BEKAR : Nous avons prévu un mois de concerts qu’on appelle les concerts « Déconcentrés de sortie d’album » à Perpignan, Narbonne, en Ardèche et même à Lyon…
C le Mag : Merci Bekar, bonne route et à l’année prochaine 😉 !
www.bekar.fr
Par C le MAG